1 févr. 2013

Caribe, caribe, caribe...


Tiens, je viens de me souvenir que j’ai un blog ! Au bout d’un mois il faudrait peut-être s’y remettre, surtout que j’en ai fait des choses et parcouru des kilomètres, je n’ai pas fait que regarder les Simpson en espagnol (d’ailleurs les voix espagnoles ne sont pas terribles). Allons-y pour un post-résumé qui me permettra de rattraper plus de deux mois d’un coup, et de m’avachir à nouveau devant les Simpson. Donc donc donc, où en étais-je …


Ah oui je suis revenu de la Cité Perdue avec l’estomac vrillé et les fringues imprégnées de sueur jusqu’aux atomes. S’ensuit une semaine intégrale de glandouille comme j’en avais rarement fait dans mes voyages (et pourtant) : réveil, piscine, petit-déj’, hamac, piscine, hamac, bière, déjeuner, bouquin dans le hamac, PC dans le hamac, bière, piscine au coucher du soleil, petit film dans le hamac. Tout cela dans un hostel ravissant et auto-suffisant au milieu d’un quartier excentré et sans intérêt de Santa Marta. D’où l’inutilité totale d’en sortir, à part quelques aller-retour utilitaires au centre commercial pour me refournir en mangue et maracuya. Ah et pour voir le dernier James Bond (en anglais avec sous-titres en espagnol, mes neurones ont transpiré), ce fut réellement ma seule « activité » en une semaine !




Je me suis presque senti bizarre quand j’ai décollé mon potito du hamac vers mon nouvel objectif, et pas le moindre. En octobre j’étais parti en quête de la pointe. La pointe nord de la Colombie et de l’Amérique du Sud (je précise in extrémis, une ambigüité est vite arrivée en ces temps de débat sur le « mariage pour tous »). Mais je m’étais arrêté à Cabo de la Vela, déjà un lieu magique et comparable à aucun autre mais pas encore le bout du bout du continent. Et à peine revenu à Santa Marta, on m’explique comment atteindre Punta Gallinas pour un prix raisonnable, et la nécessité absolue d’y retourner malgré la distance et les transports chaotiques, parce que c’est « imperdible » (en espagnol dans le texte). Donc je m’arme de courage et je démarre ma quête à 5h du mat’ après 3 petites heures de sommeil. J’enchaîne taxi, bus, attente près d’une voie ferrée, une heure en colectivo, trois heures à l’arrière d’une vieille camionnette. Et me voilà de retour à Cabo de la Vela, cet endroit si spécial que j’adore. C’est encore plus calme que la première fois, quasiment désert.




Une petite nuit en hamac, un réveil au paradis, et un 4x4 m’emmène vers une petite plage à une heure, pour embarquer sur une vulgaire barque motorisée, avec quelques autres voyageurs. Deux heures de navigation sur l’océan, le long de la côte, pour finalement entrer dans une baie incroyable, entre eaux turquoise, « ports » de pêche dérisoires cachés derrière la mangrove, falaise couleur rouille… un univers incroyable.




Nous accostons finalement à Punta Gallinas, et la sensation de bout du monde est immédiate. C’est une large bande de terre coincée entre l’océan et la baie Bahia Honda, il n’y a pas vraiment de village mais quelques hameaux et des cabanes dérisoires et isolées. Tous habitées par les indigènes Wayuu. Il y a trois « hostels » éloignés les uns des autres, avec juste des hamacs pour dormir. Par chance j’y retrouve Ana, une jeune colombienne qui a accepté de vivre là, retirée de tout (quasiment pas d’électricité et pas d’internet) pour étudier les tortues. Je l’avais rencontrée deux mois plus tôt à Riohacha, sur ma route vers Cabo de la Vela. Partout un superbe contraste entre la terre, les arbustes persistants, et l’océan.




En une après-midi, debout à l’arrière d’un camion, nous parcourons la péninsule sur les chemins de terre notamment une dune énorme et une plage bordée par une falaise orangée au coucher de soleil. Impression de bout du monde. Nuit dans le hamac après un divin poisson grillé, et je me lève à 5h pour admirer le lever de soleil sur la baie, à 100m de l’hostel. Retour en barque vers Cabo de la Vela, puis vers la civilisation.




Quelques semaines plus tard, je m’offre un petit week-end à Aracataca, dans les terres à deux heures de Santa Marta. Aracataca est le village où a grandi le célèbre écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, qui s’en est inspiré pour imaginer le village de Macondo dans son célèbre roman, Cent Ans de Solitude. Difficile de résister à l’appel de la magie lorsqu’on a lu cette histoire, même si le vrai Aracataca n’a pas grand-chose à voir avec le Macondo fantasmé. Les années ont passé et les marques de modernité effacent presque toute ressemblance.




Mais l’ambiance relâchée du village, sa relative pauvreté, la chaleur écrasante, et quelques éléments très concrets comme la gare, la maison reconstituée de Garcia Marquez, et la maison du télégraphiste où a travaillé son grand-père, tous ces éléments facilitent l’imagination et on essaie de s’y croire. Surtout je loge dans l’unique hostel de la ville tenu par Tim, un jeune artiste hollandais passionné qui fait tout pour faire vivre la mémoire du roman. Un voyageur brésilien et moi avons la chance de l’accompagner pour animer une émission de radio, Tim nous encourage à mamar gallo (littéralement « sucer le coq », en fait déconner). Expérience de voyage totalement inattendue !




Au retour je reçois la réponse positive d’un hostel dans le centre de Santa Marta, pour être barman sous forme volontaire c’est-à-dire logé gratuitement mais pas payé. Mon but est surtout d’échapper aux prix qui viennent de monter en flèche dans tous les hostels à cause de la saison haute. Cette expérience d’une semaine se résumera à passer 4 heures chaque soir sur la terrasse sur le toit, balayé par les rafales de vent, quasiment seul sauf un ou deux clients par soir. Pas fatigant mais pas très marrant. Seule la soirée de Noël apporte un peu de gaieté et me permet de terminer dans la chaleur cuisante d’un chouette bar avec trois backpackers, jusqu’au petit matin. Avec une pensée pour la France qui se les gèle…

Le lendemain de Noël je file à Palomino, une plage interminable et splendide à deux heures de Santa Marta, où j’avais déjà passé quelques jours en novembre. Cette fois je suis embauché comme barman de 18h à 2h, dans un hôtel au bord de l’eau. Logé-nourri-payé au lance-pierres. Je profite des journées sur la plage, je me baigne dangereusement chaque matin dans les rouleaux et le courant, je me remets à la relecture/réécriture de mon bouquin (un jour il sortira, un jour !), je me balade dans le village pour profiter de sa tranquille et délicieuse ambiance. Palomino est traversée par une route importante, avec son lot de camions et bus qui passent à toute vitesse, mais malgré cela l’ambiance est vraiment agréable, les gens courtois, et je finis par connaître quelques têtes. Notamment deux amies américaines qui comptent passer ici l’essentiel de leurs 5 mois de voyage, ça en dit long sur le magnétisme du lieu...




A quinze minutes de marche par un joli chemin, il y a la plage de plusieurs kilomètres. Il y a aussi une large rivière qui descend directement de la Sierra Nevada et se jette dans l’océan. Et la même Sierra Nevada dévoile tous les matins ses pics enneigés à plus de 5000 mètres d’altitude. Une combinaison magique.




Mon boulot consiste à galèrer de 18h à 22h à faire des jus de fruits dans un bar qui ne ressemble à rien, puis à partir de 11 heures démarre la partie agréable : vrai barman pour une poignée de jeunes colombiens et étrangers qui s’éternisent. La nuit du nouvel an est exténuante, mais les nuits suivantes me laissent de beaux souvenirs, jusqu’à pas d’heure avec le cuisiner italien et un québecois bon vivant…

La jeune administratrice laisse la place à la vieille tante acariâtre et incompétente du propriétaire (lui-même un gros porc qui cherche le profit maximum à court terme et ne respecte pas ses clients). Ils décident de ne plus ouvrir le bar et je décline l’offre de travailler dans l’après-midi.

Mais je poursuis mon séjour à Palomino, excellemment accueilli par une petite famille de Bogota qui possède une charmante finca dans la verdure, avec des arbres fruitiers. Ecriture dans le hamac, aide au jardinage, tours dans le village, à la plage et à la rivière, soirées au joli bar du nouvel hostel avec de plus en plus de têtes connues… Les journées se suivent et sont toutes aussi délicieuses les unes que les autres.




Finalement au bout de 3 semaines palominiennes, je reprends la route. Presque à regret parce que je suis tout sauf lassé par Palomino, malgré sa petite routine. Mais j’ai décidé de ne plus rester sur la côte, de ne plus y rechercher aucune opportunité dans le domaine des hostals. Je n’ai pas trouvé le lieu ni l’occasion.

C’est reparti pour une longue vadrouille, pour l’instant à l’intérieur du pays, pour profiter et essayer de concrétiser !


Les photos de Cabo de la Vela et Punta Gallinas sont ICI

Les photos de Aracataca sont ICI

Les photos de Palomino sont ICI


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